« Philosophie : Quelques notions » : différence entre les versions
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== Arthur Schopenhauer (1788:1860) - Philosophe allemand == | == Arthur Schopenhauer (1788:1860) - Philosophe allemand == | ||
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Version du 21 février 2024 à 10:33
Puisque ce wiki a pour vocation première de structurer mes idées et pensées, et parce que mes lectures et découvertes m'ont conduit à constater des liens étroits entre économie, histoire, politique mais aussi philosophie, il m'a paru opportun d'ajouter au moins une page centralisant quelques notions philosophiques. A ce titre, nous allons introduire quelques philosophes et leurs pensées. Le contenu de cette page s'inspire en grande partie de la bande dessinée participative Philorama[1].
Socrate (-469:-399) - Philosophe grec
Mots-clés
Maïeutique & dialectique
En quelques mots
Socrate n'a rien écrit, ses pensées ont été transcrites par son disciple, Platon. Même s'il est difficile de résumer sa pensée, j'ai retenu deux méthodes :
- La maïeutique[2] qui consiste à poser des questions à un interlocuteur afin de faire émerger la vérité de lui-même. Ainsi, il ne s'agit pas d'affirmer quelque chose de manière péremptoire, mais plutôt d'amener la réflexion en se posant les bonnes questions.
- La dialectique qui consiste à réaliser que ce n'est qu'en éliminant ce qui est faux qu'on parvient au vrai. Il faut nous rendre compte que nous avons fait erreur, et nous corriger pour transformer notre ignorance en savoir.
Une citation célèbre
Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien
Marc-Aurèle (121:180) - Philosophe romain
Mots-clés
Stoïcisme & passions
En quelques mots
Célèbre symbole du stoïcisme romain, Marc Aurèle était philosophe, écrivain, et empereur, rien que ça. Les stoïciens constatent que l'âme humaine n'est jamais au repos, tiraillée sans cesse par ses émotions, qui l'empêchent de trouver le calme. Ces émotions sont appelées passions.
Les mêmes stoïciens constatent que souvent, ces émotions sont le fruit de l'imagination ; elles ne sont ni tangibles, ni réelles, et provoquent des sentiments négatifs. Elles sont l'essence même du sentiment de malheur.
La clé du stoïcisme est d'essayer de se détacher de ces passions, ces émotions provoquées par des évènements qui ne dépendent pas de nous, afin que notre âme trouve le calme auquel elle aspire, la paix intérieure. Inutile de se faire souffrir, encore plus pour un élément passé sur lequel nous avons aucun contrôle, par exemple.
Certains qualifieront la philosophie stoïcienne d'inhumaine, car elle nous invite à nous détacher de nos émotions. Les stoïciens rétorquent qu'au contraire, la raison prime sur les émotions, et c'est bien elle qui fait de nous des êtres conscients et donc, humains.
Une citation célèbre
Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé, le courage de changer ce qui peut l'être, et la sagesse de distinguer l'un de l'autre.
Thomas Hobbes (1588-1679) - Philosophe anglais
Mots clés
État de nature & contractualisme
En quelques mots
Thomas Hobbes a eu une grande influence sur les penseurs qui lui ont succédé, mais également sur d'autres thèmes de société, comme l'économie. Je n'ai pas eu l'occasion de feuilleter son fameux Léviathan, mais on peut néanmoins citer deux points intéressants de sa philosophie :
- Hobbes défend la théorie de l'état de nature de l'homme, qui s'oppose à l'état civil (c'est à dire à l'émergence de l’État et du droit social). Contrairement à Rousseau, Hobbes pense que l'homme est fondamentalement mauvais, et que l’État met fin à son état de nature, en mettant en place des lois qui permettent à chacun de vivre en société.
- Pour poursuivre sur le point précédent, il s'agit de la contractualisation (on parle également de contrat social), c'est à dire l'accord (tacite, il ne s'agit pas d'un contrat physique) que les hommes passent entre eux : ils créent des lois, au prix d'une partie de leur liberté, afin de faire vivre le corps social.
Anecdote : Hobbes est un contemporain de Descartes, et l'un est anglais quand l'autre est français. A l'époque, rien d'étonnant à ce qu'ils s'opposent, notamment sur de la sémantique, les différences de langue n'arrangeant pas les choses.
Une citation célèbre
A l'état de nature l'homme est un loup pour l'homme, à l'état social l'homme est un dieu pour l'homme.
René Descartes (1596:1650) - Philosophe français
Mots-clés
Rationalisme (moderne) & doute méthodique
En quelques mots
René Descartes est le symbole du rationalisme moderne, et l'on reconnaît chez lui une réflexion semblable à celle de Socrate, qui consistera à interroger le monde qui l'entoure afin d'en déterminer ce qui est vrai. Selon lui, ce n'est que par la raison que nous pouvons accéder à des connaissances certaines.
Étant également physicien, Descartes sait que les perceptions sont parfois trompeuses, et il comprend également que ce que l'on nous a énoncé maintes fois par le passé ne peut pas toujours être pris comme vérité absolue, et appartient plutôt au domaine de la croyance. Sa démarche consistera donc à tout remettre en cause, via une méthode de doute radical, le doute méthodique, afin que la raison conduise le penseur à la vérité. Notons qu'il ne s'agit pas de douter pour douter, mais de douter afin de faire émerger des connaissances solides et étayées par la raison.
Mais en doutant de tout, on peut douter même de notre propre existence, puisque nous sommes conscients que nous existons du fait de notre perception du monde (ainsi lorsque nous rêvons, nous croyons vivre des évènements qui pourtant s'avèrent complètement imaginaires à notre réveil). Descartes y répond alors par une idée simple, mais efficace : même si nous pouvons douter de beaucoup de choses, nous ne pouvons douter que nous doutons. Notre raison, elle, existe donc bien, et avec elle notre pensée. Cogito ergo sum (Je pense, donc je suis)
Une citation célèbre
On ne peut se passer d'une méthode pour se mettre en quête de la vérité des choses.
Baruch Spinoza (1632:1677) - Philosophe néerlandais
Mots-clés
Déterminisme & recherche des causes
En quelques mots
Spinoza a été exclu de la communauté juive d'Amsterdam pour sa conception déterministe du monde. Il pensait qu'une action est toujours la conséquence d'une cause, elle-même la conséquence d'une autre cause, ... et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il appelait la cause première.
De fait, il pensait que même si nous pensons maîtriser nos actions, du fait de notre conscience, elles ne sont que le fruit d'une cause qui peut peut-être nous échapper. Cependant, il ne s'agit pas forcément d'un appel à la passivité, car selon Spinoza notre vraie liberté n'est pas de réaliser les actions que nous souhaitons (puisqu'elles ne sont que les conséquences de causes connues ou non de nous), mais d'être conscients de ce déterminisme, et de chercher à connaître les causes qui animent nos actions.
On peut clairement opposer Spinoza à Descartes par exemple, qui, lui, considérera que c'est notre libre-arbitre qui détermine notre volonté et notre existence (par exemple en étant capables de réfréner nos désirs).
Une citation célèbre
Nous ne désirons pas une chose parce que nous la jugeons bonne, mais nous la jugeons bonne parce que nous la désirons.
David Hume (1711:1776) - Philosophe écossais
Mots-clés
Empirisme, impression & habitude
En quelques mots
On peut dire que la philosophie de David Hume s'oppose à celle de René Descartes. Il représente la doctrine de l'empirisme, qui affirme que toutes nos connaissances proviennent de nos sensations. Lorsque nous expérimentons une sensation, Hume parle d'impression, alors nous la retenons et cela constitue une connaissance. Nos sensations accumulées au cours de notre vie créent notre connaissance, alors que nous arrivons dans le monde avec une sorte d'esprit vierge, tel une page blanche à notre naissance.
Le raisonnement va plus loin, et l'empirisme décrète qu'il n'est pas possible d'accéder à la vérité, puisque l'universalité et l'intemporalité des notions abstraites les rend impossible à expérimenter, et donc, à connaître. Un exemple intéressant est le suivant : le soleil se lèvera-t-il demain ? Après tout, nous avons l'habitude qu'il se lève chaque matin, mais nous ne saurons de manière certaine qu'il se lèvera demain seulement demain... Ainsi, nous supposons que ce qui est arrivé dans le passé arrivera également dans le futur.
Une citation célèbre
Toutes nos idées simples, à leur première apparition, dérivent d'impression simples, qui leur correspondent et qu'elles représentent exactement.
Jean-Jacques Rousseau (1712:1778) - Philosophe français
Mots-clés
Contrat social & bon sauvage
En quelques mots
Rousseau est célèbre pour sa réflexion sur le contrat social[3], mais qui diffère de la vision de Hobbes ; Là où Hobbes pense que l'homme est fondamentalement mauvais, et a besoin du contrat social pour pouvoir vivre en société, Rousseau pense que l'homme est fondamentalement bon (l'expression n'est pas de lui, mais lui sera rapidement attribuée, on parle de Bon sauvage), et que c'est la société qui le corrompt : les individus en société ne cherchent plus à être, mais à paraître.
En acceptant le contrat social, les hommes perdent en liberté ce qu'ils gagnent en sécurité. Mais la sécurité n'est pas le seul apport de la contractualisation ; Rousseau pense en effet que si les règles qui régissent le contrat social représentent la volonté générale, c'est à dire l'expression du peuple ayant un intérêt commun, alors l'homme gagne encore plus en liberté. On peut y voir la source de la réflexion de la démocratie au sens littéral du terme (les révolutions américaine (1765-1783) et françaises (1789 & 1848) ne sont d'ailleurs pas très loin).
Une citation célèbre
L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.
Emmanuel Kant (1724:1804) - Philosophe allemand
Mots-clés
Limites de connaissance & loi morale
En quelques mots
La philosophie kantienne marque un tournant dans le domaine de la connaissance, en exposant les limites de la connaissance humaine. En ce sens, il s'oppose à la vision cartésienne qui exprimait l'idée que la raison nous permettrait d'accéder à des vérités spirituelles et métaphysiques. Pour Kant, certaines vérités resteront à jamais inaccessibles à la connaissance humaine.
Mais la révolution qu'apporte la pensée kantienne tient plutôt sur l'ordre moral des choses. Kant affirme en effet qu'il y a en chacun de nous une raison morale, qui nous indique ce qu'il faut faire ou ne pas faire, et mon action est bonne si elle suit une règle que tout le monde devrait appliquer. Si l'on pousse le raisonnement, une action est bonne ou mauvaise non pas du fait des conséquences de celle-ci, mais dans l'intention initiale, c'est à dire si elle correspond à une volonté bonne. Notons que cette vision s'oppose à la vision conséquentialiste, qui juge une action par rapport à ses effets dans la pratique.
Une citation célèbre
Agis de telle sorte que tu puisses vouloir que la maxime de ton action soit érigée en loi universelle.
Arthur Schopenhauer (1788:1860) - Philosophe allemand
Mots-clés
Naturalisme, représentation & volonté
En quelques mots
Schopenhauer est un pessimiste, qui ne fait pas grand cas des hommes, et qui avait un caractère ombrageux et solitaire. L'histoire dit d'ailleurs qu'il avait un jour donné un cours à Berlin en même temps qu'un autre philosophe de son temps, Hegel, et l'un fit salle comble quand l'autre eut plutôt le spectacle d'une salle aux rares auditeurs épars[4].
Sa métaphysique repose sur deux concepts :
- La représentation qui est l'aspect observable du monde, que l'on expérimente avec nos 5 sens. Les effets ont des causes, nous pouvons utiliser notre raison pour comprendre le monde qui nous entoure ;
- La volonté est en revanche une force sans but, impossible à comprendre pour notre esprit rationnel, et qui représente l'énergie du monde et sans qui rien n'existerait.
C'est de notre incompréhension de cette force sans but que nous tirons cette insatisfaction qui caractérise la vie, selon Schopenhauer.
On peut voir la conception de l'homme selon Schopenhauer comme naturaliste (l'homme n'est pas supérieur aux autres). En effet, c'est à cause de sa raison que l'homme est capable de mentir, tromper, et donc dévier des principes naturels, ce qui selon le philosophe aura tendance à attirer plutôt son mépris que sa sympathie.
Une citation célèbre
La solitude offre à l'homme intellectuellement haut placé le double avantage d'être avec soi-même et de ne pas être avec les autres.
Karl Marx (1818-1883) - Philosophe allemand
Mots-clés
En quelques mots
Une citation célèbre
Friedrich Nietzsche (1844:1900) - Philosophe allemand
Mots clés
Métaphysique, volonté de puissance, surhomme
En quelques mots
A l'instar de Hegel, Kant ou Sartre, Nietzsche n'est pas le plus aisé à lire[5]. Mais essayons tout de même de dire quelques mots de sa philosophie.
Nietzsche révolutionnera la métaphysique en constatant que les différentes doctrines philosophiques qu'il a pu étudier reposent sur une dichotomie du bien et du mal, le monde réel et le monde imaginaire, l'ici-bas et l'au-delà, qui ne sont pour lui finalement qu'une même expression du ressentiment et du nihilisme, et ne conduisent qu'à une rejet de la vie.
Pourquoi en effet la force et la violence seraient-elles du côté du mal, et la compassion et l'abnégation du côté du bien ? Si ce n'est peut-être pour dissimuler nos propres faiblesses, et donc aller à l'encontre de cette volonté (on retrouve la théorie de Schopenhauer) que Nietzsche appelle la volonté de puissance ? Le surhomme est celui qui accepte d'embrasser cet état de fait, que la volonté de puissance fait partie intégrante de l'univers et de la vie, et ne se soucie pas du regard des autres ou des valeurs créées par la société des hommes.
Replacé dans le contexte historique et personnel de l'auteur, on peut voir ici une critique du carcan religieux (Nietzsche dira notamment Dieu est mort) et une volonté de rendre l'homme indépendant de contraintes factices, soit-disant morales, pour le rendre plus libre et capable de surmonter seul le poids de son existence : il est responsable de sa vie et de son bonheur. On retrouvera ce concept de responsabilité de l'homme chez Sartre par exemple.
Une citation célèbre
L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhomme.
Jean-Paul Sartre (1905:1980) - Philosophe français
Mots-clés
Existentialisme, absolue liberté, identités
En quelques mots
A l'instar de Nietzsche ou Hegel, je dois admettre que je trouve Sartre difficile à lire. Néanmoins, il est des concepts qu'il est possible de présenter ici :
- L'essence d'une chose est ce qui fait ce qu'elle est, et détermine sa fonction ou son but, et par conséquent ne lui permet pas d'être autre chose ;
- Partant de ce postulat, selon l'existentialisme de Sartre, l'homme n'a pas d'essence, il est fondamentalement libre, notamment libre de ses choix, et par extension, il est seul responsable de ses actes ;
- Ainsi, même si nous endossons des identités liés à nos rapports sociaux, nos relations, ou notre caractère par exemple, nous ne sommes pas condamnés à rester ce que nous sommes. Nous pouvons, à tout moment, démissionner de cette identité, il suffit de le décider.
Sartre propose donc d'embrasser cette liberté absolue, qui n'est en général pas assumée parce qu'elle est effrayante :
- Être fondamentalement libre, c'est accepter l'idée que ce qui arrive est dû à nos actions humaines et non à une force divine externe ;
- Être absolument libre, c'est être absolument responsable.
Une citation célèbre
C'est dans l'angoisse que l'homme prend conscience de sa liberté
Sources
- ↑ Philorama, la BD qui introduit quelques philosophes : https://fr.ulule.com/philorama/
- ↑ La maïeutique (Wikipedia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AFeutique_(philosophie)
- ↑ Du contrat social (livre) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Du_contrat_social
- ↑ Une anecdote, 5 étudiants contre 200 : https://www.philomag.com/articles/charlatan-plat-prestidigitateur-retour-sur-la-querelle-schopenhauer-hegel
- ↑ Un bouquin pour faciliter la lecture de Nietzsche : https://www.institut-pandore.com/boutique/tete-a-tete-avec-livre-nietzsche/