Politest - II - La mondialisation
Cette page provient du Politest, qui est un test en ligne créé par Laurent Cald[1]
Je mets ici la deuxième question associée au test, et j'essaie d'y apporter un éclairage personnel via des réponses.
La mondialisation (2/12)
1. La mondialisation engendre une concurrence qui doit être encadrée : il faut que les États imposent des règles pour mieux protéger les droits des salariés, l'environnement, et les secteurs sensibles des économies de chaque pays
Cette réponse contient deux idées :
- Elle n'est pas foncièrement contraire à l'idée de mondialisation ;
- Mais précise que dans ce cas, cela doit être encadré, par des règles, qui portent sur des sujets précis afin de contrôler la concurrence des économies nationales.
Elle se distingue de la réponse 4 en étant, sur le principe, moins opposée au concept de mondialisation.
2. Il faut supprimer toutes les barrières douanières, en même temps que les subventions ou les réglementations nationales qui faussent la concurrence, pour que la concurrence entre les entreprises du monde entier puisse se faire sans entrave : c'est de cette façon qu'on obtiendra le plus d'efficacité économique et de croissance
J'ai du mal à distinguer cette réponse de la réponse 5, même si j'essaie d'y apporter une distinction dans la partie 5, justement.
Il me semble que ce point relève de la théorie libérale au sens de Milton Friedman[2]. L'idée est d'éviter les contraintes tentant de réguler le marché, qui ne fonctionneront jamais aussi bien que l'auto-régulation du marché et la concurrence libre et non-faussée. Ajoutons aussi qu'historiquement, David Ricardo défend l'idée d'avantage comparatif[3] pour justifier des bienfaits de l'ouverture des frontières (l'ancêtre de la mondialisation, dirons-nous) au niveau économique. J'en parle notamment ici : Histoire de l’Économie - I. Une des critiques de cette théorie est qu'il s'agit d'un modèle (qui se base sur un grand nombre d'hypothèses non-vérifiées en réalité) et qui semble mathématiquement supérieur à un modèle autarcique, pas à tous les autres modèles possibles.
Certes, les méthodes mercantilistes (droits aux frontières, taxes douanières, préférences de production nationales, ...) ont eu des défauts par le passé, notamment si l'on s'intéresse à la richesse et la croissance des pays, mais le marché libre et non-faussé n'en est pas exempt non plus. De plus, la concurrence, sensée réguler le marché et permettre d'atteindre le prix d'équilibre, ne fonctionne pas selon les règles proposées par les modèles économiques.
De plus, une telle idée doit absolument s'imposer partout si on souhaite la mettre en place. Si un pays ne joue pas le jeu, alors celui-ci est faussé, et cela entraînera forcément des injustices sociétales.
3. La mondialisation peut être une chance : elle permet aux entreprises de trouver de nouveaux marchés, et les emplois délocalisés sont en général compensés par d'autres qui sont plus qualifiés, et qui font progresser le niveau de vie ; mais il faut aussi que les gouvernements aident leurs populations lorsqu'elles ne trouvent pas leur place dans la mondialisation
Cette réponse vante les mérites (potentiels) de la mondialisation :
- Ouverture à de nouveaux marchés ;
- Progression du niveau de vie par l'apport d'emplois plus qualifiés.
... Tout en rappelant la nécessité des gouvernements d'aider les peuples à trouver leur place dans ce modèle.
Contrairement à la réponse 5, celle-ci est bien consciente que la mondialisation peut provoquer une délocalisation des emplois, plutôt qu'une simple création, mais propose l'idée que les travailleurs trouvent d'autres emplois, mieux qualifiés. Cet argument a au moins deux défauts :
- Il n'est pas du tout garanti que la mondialisation apporte de nouveaux emplois plus qualifiés ;
- Si l'on suppose que l'assertion soit vraie, les travailleurs sur les emplois à basse qualification ne se retrouvent pas tout à coup, sans formation, à assumer des emplois plus qualifiés. C'est donc plutôt une fuite des emplois pour les plus petites qualifications, et donc un instrument à fabriquer une pénurie d'emplois dans ces milieux.
Les gouvernements doivent aider les populations, très certainement, mais il faudrait rentrer dans les détails pour savoir si cette réponse est pertinente ou non. Elle me paraît trop vague pour être la meilleure réponse à la question.
4. La mondialisation de l'économie aggrave l'exploitation et la pollution des pays pauvres, et détruit des emplois dans les pays riches : il faut que des institutions internationales réellement démocratiques protègent les droits des populations, et non plus ceux des multinationales
Cette réponse est la plus catégoriquement contre la notion de mondialisation. Elle centralise la question des travailleurs, et insiste sur l'idée que les institutions doivent défendre les peuples et les travailleurs avant les grandes entreprises.
5. La mondialisation est une chance, car l'ouverture des frontières donne accès à des marchés nouveaux, ce qui crée des emplois : il faut donc faire tomber les "barrières" qui empêchent les produits et les services de circuler librement ; mais pour que les entreprises en profitent, il faut les libérer le plus possible des contraintes réglementaires qui les désavantagent par rapport à leurs concurrentes étrangères
Ce point rejoint franchement le deuxième, je trouve. Néanmoins, il apporte deux notions que l'on n'avait pas abordées, me semble-t-il :
- Ouvrir les frontières crée de l'emploi :
- C'est sûrement vrai, car le marché s'agrandit, et il faut donc produire plus, et avoir plus de main d’œuvre pour répondre à ce surplus de production ;
- Néanmoins, tout dépend de l'endroit où est trouvée cette main d’œuvre supplémentaire. S'il s'agit de créer des emplois dans d'autres pays, pour d'autres populations, on peut s'interroger de l'avantage qu'en retirent les français ? Est-ce que les profits engendrés profitent aussi à la France ?
- De plus, si cela permet de délocaliser les emplois pourvus en France dans des pays où l'emploi coûte moins cher, l'entreprise y gagne, mais peut-être pas les travailleurs français ?
- Les contraintes réglementaires introduisent des désavantages entre les entreprises :
- C'est très vrai, surtout si les contraintes ne sont pas les mêmes entre celles-ci ;
- Mais certaines contraintes, en France par exemple, relèvent de normes environnementales. Est-on vraiment certains que le fait de les lever est une bonne idée, au nom d'une concurrence déloyale (par exemple européenne) ? Ne devrait-on pas, à l'inverse, et si l'environnement est l'enjeu majeur des prochaines années, tenter au contraire d'uniformiser les contraintes plutôt que de les supprimer ?
Sources
- ↑ Êtes-vous de droite ou de gauche ? : https://www.babelio.com/livres/Cald-Etes-vous-de-droite-ou-de-gauche-/914487
- ↑ https://fr.wikipedia.org/wiki/Milton_Friedman
- ↑ David Ricardo : https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Ricardo