Acteurs économiques : les banques

De Notes Economiques et Politiques

Les Banques sont des acteurs économiques majeurs dans notre économie actuelle. Elles ont deux rôles principaux aujourd'hui :

  • Collecter l'épargne et les dépôts pour les particuliers et les entreprises
  • Accorder des prêts, ce qui aujourd'hui revient à créer de l'argent, ou plus précisément à créer de la monnaie

On a pour habitude de retenir : les crédits font les dépôts

A ceci, nous souhaitons ajouter quelques concepts importants.

La monnaie

Les banques sont aujourd'hui les créateurs de monnaie scripturale. C'est à dire qu'elles peuvent écrire quelque part qu'elles octroient un prêt, ce qui a pour effet immédiat de créer de l'argent utilisable depuis un compte bancaire.

A l'inverse, la monnaie liquide est toujours créée par les banques centrales (billets et pièces), et non par les banques.

La monnaie liquide est considérée comme sûre et de confiance (ou en tout cas, c'est ce qui est considéré comme le plus sûr dans notre système économique actuel), contrairement à ce qui est illiquide (et donc soumis à la volatilité des marchés, et à des risques plus grands). A titre indicatif, dans le monde, la monnaie scripturale représente plus de 90% de la monnaie totale.

Bâle III

Avant d'entrer dans les détails des accords de Bâle III (issus de la crise des subprimes de 2008), il nous faut dire un mot sur quelques éléments de vocabulaire importants.

Un bilan bancaire[1] dresse le patrimoine d'une banque, classé en deux catégories (d'un point de vue strictement comptable) :

  • Le passif (l'origine des ressources, les fonds collectés par la banque), qui concerne principalement :
    • Les emprunts interbancaires
    • Les dépôts de la clientèle
    • Les certificats de dépôts et les obligations
    • Les titres de dettes émis par la banque
    • Les fonds propres, les provisions (y compris les bénéfices non-distribués). Les fonds propres sont la trésorerie fiable que la banque a, en propre, dans ses coffres. Ce sont eux qui sont au coeur des réglementations car considérés comme prouvant la solidité d'une banque
  • L'actif (que fait la banque des fonds collectés) qui sert principalement :
    • Aux prêts interbancaires
    • Aux crédits de la clientèle
    • A l'achat de titres et la constitution de portefeuilles (pour compte propre, pas pour le compte de ses clients)
    • Aux valeurs immobilisées (*on parle aussi d'immobilisation*) qui correspondent aux biens et valeurs censés rester durablement dans le patrimoine bancaire

Les accords successifs de Bâle, et en particulier de Bâle III en réponse à la crise des subprimes de 2008 qui a fortement ébranlé le secteur bancaire, et avec lui de grands pans de l'économie mondiale, ont pour but de contraindre les banques afin d'assurer une stabilité de l'économie en cas de reproduction de phénomènes similaires à ceux qui ont engendré les crises économiques[2].

Une des idées générales principales des accords de Bâle III est de contraindre les fonds propres de la banque (un niveau plus élevé, une meilleure qualité des fonds propres). En particulier, la part des fonds propres sur les actifs de la banque (moyennant des pondérations) doit obéir à un seuil minimal.

On parlera successivement du ratio de Crooke, puis du ratio d'adéquation des fonds propres, puis du ratio de solvabilité ou encore du ratio de solvabilité bancaire. Les calculs varient plus ou moins, mais correspondent peu ou prou à cette même idée.

Ce ratio a été progressivement augmenté au fil des accords/directives/résolutions pour atteindre 10.5% en 2019[3]. Il correspond à :

  • La part des fonds propres (en numérateur)
  • Sur les actifs pondérés par leurs risques (en dénominateur)

Certains trouvent ces exigences contraignantes. En freinant la capacité d'octroi de crédits des banques, elles ne peuvent encourager l'investissement d'autant. D'autres au contraire les trouvent insuffisantes[4] :

  • Le ratio est trop faible pour réellement dissuader les acteurs bancaires de prendre des risques excessifs. Ainsi, ont pu être suggérées des idées comme 20 à 30% de fonds propres, et la disparition des pondérations par le risque, rendant plus simple et moins sujet à interprétation le calcul du ratio
  • L'évaluation des risques qui permettent de pondérer le dénominateur est peu fiable. Elle est en effet calculable selon plusieurs critères. On peut souligner néanmoins que la méthode utilisée aujourd'hui par les banques (le modèle V.A.R. pour Valeur-A-Risque) ne permettrait pas plus de résister à une crise financière telle que celle survenue en été 2007 aux Etats-Unis. Les risques sont très probablement largement sous-évalués. De fait, certains pensent qu'aucune méthode fiable ne permet d'évaluer le risque (du fait de l'imprévisibilité de la survenance d'une crise financière), et de fait, la pondération par le risque ne devrait pas intervenir dans le calcul du ratio. Les acteurs bancaires de leur côté répondent que cela limiterait grandement leur capacité d'injecter de l'argent dans l'économie en réduisant leurs capacités de prêts
  • Enfin, les accords de Bâle III ne s'adressent pas au marché bancaire "fantôme" constitués notamment des banques et fonds d'investissement, les fonds spéculatifs, et les fonds communs de créance (FCC, ou SPV en anglais), hors-bilans créés par les banques elles-mêmes, ... Ce sont pourtant les plus exposés aux risques de marché, de crédits, et de liquidité.

Sources