« Histoire de l'Économie - II - Révolution industrielle - 1820-1865 » : différence entre les versions

De Notes Economiques et Politiques
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Dans cette théorie, les banques de dépôt ont toutes une planche à billets, scripturale, dont elles se servent pour octroyer des crédits. Mis à part le ratio de réserves obligatoires que leurs imposent les banques centrales, elles sont libres de faire autant de promesses qu'elles le souhaitent. Lorsque les banques se prêtent entre elles, elles se font des promesses en monnaie de banque centrale (la "''monnaie centrale''"). Si elles se retrouvent à court de promesses centrales, elles se tournent vers les banques centrales qui ont le choix entre leur octroyer ladite monnaie (via un prêt, par exemple), ou ne pas le leur prêter, et provoquer la faillite de la banque, et avec elle, l'écroulement du système. Inutile d'argumenter beaucoup plus loin pour comprendre que les banques centrales ont tendance à obtempérer.
Dans cette théorie, les banques de dépôt ont toutes une planche à billets, scripturale, dont elles se servent pour octroyer des crédits. Mis à part le ratio de réserves obligatoires que leurs imposent les banques centrales, elles sont libres de faire autant de promesses qu'elles le souhaitent. Lorsque les banques se prêtent entre elles, elles se font des promesses en monnaie de banque centrale (la "''monnaie centrale''"). Si elles se retrouvent à court de promesses centrales, elles se tournent vers les banques centrales qui ont le choix entre leur octroyer ladite monnaie (via un prêt, par exemple), ou ne pas le leur prêter, et provoquer la faillite de la banque, et avec elle, l'écroulement du système. Inutile d'argumenter beaucoup plus loin pour comprendre que les banques centrales ont tendance à obtempérer.


Cette théorie explique beaucoup mieux le système actuel, est plus à propos pour expliquer les crises économiques mais surtout financières, et bien qu'elle ait certaines similitudes avec la pensée des réserves fractionnaires, elle contient un message idéologique très différent des précédentes théories : les banques sont des acteurs économiques beaucoup plus responsables et non des acteurs "comme les autres", qui subissent les contraintes qui leur sont imposées par les gouvernements ou les banques centrales.
Cette théorie explique beaucoup mieux le système actuel, est plus à propos pour expliquer les crises économiques mais surtout financières, et bien qu'elle ait certaines similitudes avec la pensée des réserves fractionnaires, elle contient un message idéologique très différent des précédentes théories : les banques sont des acteurs économiques beaucoup plus responsables et non des acteurs "comme les autres" qui subiraient les contraintes qui leur sont imposées par les gouvernements ou les banques centrales. Dans les faits, les banques centrales sont facilement mises sous pression par les banques, dont la bonne santé est nécessaire pour éviter un effondrement du système économique global. In fine, la quantité de monnaie dépend donc beaucoup plus du bon vouloir des agents économiques, banques en tête.


=== L'économie néoclassique ===
=== L'économie néoclassique ===

Version du 25 février 2024 à 16:34

Cette page repose dans son découpage comme son contenu en grande partie sur la très instructive bande dessinée : Economix[1]. Elle est centrée sur le XIXème siècle, majoritairement sur sa première moitié. Elle fait suite à la page Histoire de l’Économie - partie 1

De grands bouleversements

Les machines

Le XIXème siècle marque l'avènement de l'ère industrielle (qui aura débuté dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle[2]) et le remplacement de l'énergie humaine par la machine, elle-même alimentée par la vapeur[3]. A l'époque, la principale source d'énergie des machines est le feu, nourri par le charbon.

Ainsi, on voit le développement des usines, ainsi que des moyens de transports (bateaux à aubes, et chemin de fer) permettant de déplacer les matières premières mais surtout les marchandises sur de plus grandes distances. C'est un grand boom de production, et la demande augmente à tout va : plus de marchandises sont produites pour un plus grand nombre, de plus grands besoins en matières premières apparaissent pour pouvoir produire encore plus, la technologie s'améliore pour pouvoir répondre à la demande grandissante, qui demande plus de machines, ... Même les plus pauvres accèdent à des choses qu'ils n'auraient pu avoir par le passé : la production de masse, c'est aussi la production pour les masses.

Et pourtant, malgré cela, le mécontentement se fait de plus en plus sentir. Pourquoi en cette période semble-t-il prospère, voit-on pourtant éclater nombre de conflits sociaux ?

Les conditions des travailleurs

Les révolutions industrielles et le boom de production cachent une réalité moins rose. L'avènement des machines provoque l'exode de nombreux travailleurs de la terre, souvent habitant loin des villes et leurs machines.

Mais les conditions de vie et de travail sont dures (inhumaines même, si l'on regarde cela avec le prisme de notre vision contemporaine). C'est l'époque des nombreuses heures de travail ouvrier, du travail des enfants, dont Charles Dickens[4] dépeint très bien les travers en Angleterre par exemple. Les wikinautes curieux pourront également lire le Guide de la femme intelligente en présence du Socialisme et du Capitalisme qui en parle également, ainsi que des Factory Acts[5].

En effet, les rapports de force ont changé, et ce dont Adam Smith se méfiait apparaît : les travailleurs se retrouvent confrontés à des capitalistes aux forts pouvoirs, l'offre et la demande ne sont plus les mêmes. De nombreux ouvriers sont ainsi face à un seul et même patron, ce qui rend la négociation salariale caduque. Les ouvriers doivent travailler pour très peu, et se retrouvent souvent obligés de faire travailler leur famille (femme et enfants), toujours pour un salaire moindre.

Et la situation peut empirer. En effet, parfois, les marchandises trop produites ne se vendent pas, et les effondrements ne sont pas rares (on parle aussi de krachs, de récession, ...). Les travailleurs sont aussi des consommateurs, et s'ils sont trop peu payés, ils ne peuvent tout simplement pas s'acheter les marchandises.

La "mondialisation"

Les propriétaires des moyens de production vont alors profiter du progrès des moyens de transport pour exporter leurs marchandises ailleurs, et trouver ainsi de nouveaux marchés. Les usines et les machines se multiplient, les marchandises aussi, et cet essor marche un temps... Mais là encore, il ne fait qu'accroître le phénomène : les récessions sont plus violentes, et les conditions de travail progressent trop lentement.

Notons tout de même que l'ouverture vers le reste du monde ne se cantonne pas aux marchandises. Elle provoque aussi un départ des travailleurs vers d'autres contrées, et notamment vers l'Amérique, pays de toutes les promesses.

De nouvelles façons de voir le monde

Le socialisme

Petit aparté technique sur la monnaie

L'étude de la monnaie n'est pas la science la plus répandue dans le vaste domaine des études économiques, et sa prise en compte n'est que parcellaire dans certains modèles, quant elle n'est tout simplement pas ignorée[6].

Cependant, arrêtons-nous un instant sur différentes théories monétaires, concepts qui nous seront utiles pour comprendre un peu mieux les rouages de l'économie.

1. La théorie des intermédiaires[7]

Dans ce modèle, les revenus permettent des dépenses et des dépôts bancaires. Les dépôts, ou plus généralement l'épargne, s'effectue soit auprès des banques (qui font ce qu'elles veulent de notre épargne tant que nous ne la réclamons pas), soit auprès de fonds d'investissement (qui nécessite à peine plus de formalités pour ce qui est de la gestion de notre épargne investie). Dans ce contexte, les intermédiaires financiers investissent l'argent de l'épargne, tandis que les agents économiques font appel à eux pour pouvoir financer leurs projets.

Ce modèle est très simpliste, et considère les intermédiaires financiers comme des acteurs neutres, et est pourtant la base des modèles modernes utilisés par exemple par le FMI, l'OCDE, les banques centrales, ...

En l'occurrence, il n'explique pas les crises financières que nous avons pu expérimenter (bien plus tard dans notre chronologie, mais parlons-en ici : le krach boursier de 1929, la crise des subprimes de 2008, ...), qui ne seraient que des coups de malchance dans un modèle qui, à part ces couacs, fonctionnerait très bien. De plus, il n'explique pas du tout comment est créée la monnaie, qui serait une réflexion peu importante selon les défenseurs de ce modèle.

2. La théorie des réserves fractionnaires

Cette théorie place les banques centrales au cœur de la création monétaire. Ce sont elles qui ont les fameuses planches à billets et injectent la monnaie dans l'économie. Elles imposent de plus aux banques d'avoir une certaine quantité de monnaie disponible dans leurs coffres, une fraction des dépôts donc, qui constituent une réserve obligatoire afin de se prémunir des coups durs.

Pour donner un exemple, en imaginant un système où la réserve obligatoire est de 1% des dépôts, une banque sur laquelle est déposée 100€ de monnaie de la banque centrale peut prêter 99€ à un agent économique. Celui-ci paye un autre agent économique (il achète une paire de chaussures chez un cordonnier par exemple). ce cordonnier dépose ces 99€ à la banque. Celle-ci conserve 1% dans ses coffres, et peut donc prêter 98.01€... Et ainsi de suite.

Notons que les banques, plutôt que de prêter l'argent de leurs coffres (et donc l'argent de la banque centrale), vont plutôt prêter une promesse de remboursement de dette. Ainsi lorsque nous déposons 99 euros sur votre compte à la banque, elle promet de nous rendre ces 99 euros, si nous en faisons la demande. Les banques font donc plutôt des promesses de monnaie, et ont donc une planche à billets aussi, pour pouvoir éditer ces promesses (il s'agit de monnaie scripturale, c'est à dire, non pas d'argent au fond d'un coffre, mais d'une ligne sur notre compte en banque).

Ainsi, en fabriquant 100€ de monnaie et en fixant un taux de réserve obligatoire de 1%, la banque centrale a permis de créer, potentiellement, 10 000€ de flux de monnaie. C'est toute la force et la différence entre un stock et un flux de monnaie (100€ réellement stockés, mais 10 000€ de flux). Un autre exemple peut être celui-ci afin de bien illustrer la notion de flux : imaginons que le boucher paye son cordonnier 100€ pour une paire de chaussures. Celui-ci rembourse une dette de 100 euros qu'il avait contractée auprès du marchand de tissu. Celui-ci achète alors de la viande chez son boucher pour 100 euros (oui, c'est la fête). Au final, 100€ sont passés de main en main, mais le flux d'économie représente, lui, 300€.

Revenons à nos moutons. Les banques centrales fixent la quantité de monnaie en circulation selon cette théorie, et comme les gouvernements contrôlent les banques centrales, ce sont eux qui, in fine, contrôlent la monnaie et donc l'économie, de manière indirecte.

Cette théorie semble plus satisfaisante que la précédente. Néanmoins, elle est caduque sur plusieurs points :

  • Elle non plus n'explique pas les crises financières survenues au cours de notre histoire économique ;
  • Les banques centrales sont loin d'être dépendantes des États. Japon, Royaume-Uni et États-Unis demandent des comptes à leurs banques centrales par exemple, mais la plupart ont beaucoup (trop ?) d'autonomie. En Europe par exemple, les banques centrales nationales rendent des comptes à la BCE[8] (la Banque Centrale Européenne), qui elle-même ne rend de compte à ... personne ;
  • Selon cette théorie, les banques sont de simples entremetteurs et n'ont pas de contrôle sur la quantité de monnaie totale dans le système. Elles dépendent des banques centrales, qui ont pour objectif de réguler les prix sur le marché mondial, et s'assurer de l'équilibre mondial de l'économie ;
  • Dans les faits, la quantité de monnaie créée par les banques ne représente pas du tout le total de ce qui pourrait être créé. En effet, lorsqu'on y repense, la banque centrale ne contrôle pas la quantité de monnaie en circulation, mais la quantité maximale de monnaie possible en circulation. Les banques ont tout loisir de ne pas créer de monnaie si elles le souhaitent, et c'est le cas en réalité[9] ;
  • Certaines banques centrales elles-mêmes rejettent la théorie des réserves fractionnaires. C'est le cas de la banque centrale anglaise (la Bank of England) ou de la Bundesbank (la banque centrale allemande), qui ont démontré qu'elles avaient très peu de contrôle sur la monnaie en circulation.

Enfin, si je parle de cette théorie ici, c'est qu'à l'époque où nous sommes dans notre Histoire de l'économie (rappelons-nous, nous sommes aux XIXème siècle), la confiance dans les banques n'est pas toujours maximale. Des mouvements de panique bancaire, qui correspondent à une perte de confiance dans le système bancaire, ou telle ou telle banque par exemple, font se précipiter, en même temps, les agents économiques qui veulent tous récupérer leur épargne. Résultat, c'est la faillite, les banques étant incapables de rembourser toutes leurs dettes (c'est à dire, d'échanger les promesses de monnaie en monnaie véritable)... Même si ce modèle théorique a des faiblesses (je préfère d'ailleurs la théorie de création monétaire ex-nihilo dont nous parlerons plus loin), il explique assez bien le contexte de l'époque et les récessions de la période.

3. La théorie de la création monétaire ex-nihilo

La théorie précédente, nous l'avons dit, présente des faiblesses. Elle est idéologiquement marquée notamment, en rendant les banques des acteurs économiques neutres, dépendant des choix et impositions des banques centrales. Elle n'a pas ma préférence, et je lui préfère cette troisième théorie, comme l'indique le titre, de la création monétaire ex-nihilo[10][11].

Dans cette théorie, les banques de dépôt ont toutes une planche à billets, scripturale, dont elles se servent pour octroyer des crédits. Mis à part le ratio de réserves obligatoires que leurs imposent les banques centrales, elles sont libres de faire autant de promesses qu'elles le souhaitent. Lorsque les banques se prêtent entre elles, elles se font des promesses en monnaie de banque centrale (la "monnaie centrale"). Si elles se retrouvent à court de promesses centrales, elles se tournent vers les banques centrales qui ont le choix entre leur octroyer ladite monnaie (via un prêt, par exemple), ou ne pas le leur prêter, et provoquer la faillite de la banque, et avec elle, l'écroulement du système. Inutile d'argumenter beaucoup plus loin pour comprendre que les banques centrales ont tendance à obtempérer.

Cette théorie explique beaucoup mieux le système actuel, est plus à propos pour expliquer les crises économiques mais surtout financières, et bien qu'elle ait certaines similitudes avec la pensée des réserves fractionnaires, elle contient un message idéologique très différent des précédentes théories : les banques sont des acteurs économiques beaucoup plus responsables et non des acteurs "comme les autres" qui subiraient les contraintes qui leur sont imposées par les gouvernements ou les banques centrales. Dans les faits, les banques centrales sont facilement mises sous pression par les banques, dont la bonne santé est nécessaire pour éviter un effondrement du système économique global. In fine, la quantité de monnaie dépend donc beaucoup plus du bon vouloir des agents économiques, banques en tête.

L'économie néoclassique

En résumé, voici quelques hypothèses du modèle néoclassique :

  • L'homme économique poursuit logiquement son propre intérêt personnel ;
  • L'offre et la demande ne bougent pas à moins qu'on les modifie :
    • Les revenus restent les mêmes ;
    • Les goûts restent les mêmes ;
    • Les autres prix restent les mêmes ;
    • Tout le monde a la même information ;
    • Tous les acheteurs et les vendeurs sont si petits que leurs actions ne peuvent affecter le prix d'un bien

Sources