Histoire de l'Économie - II - Révolution industrielle - 1820-1865

De Notes Economiques et Politiques

Cette page repose dans son découpage comme son contenu en grande partie sur la très instructive bande dessinée : Economix[1]. Elle est centrée sur le XIXème siècle, majoritairement sur sa première moitié. Elle fait suite à la page Histoire de l’Économie - partie 1

De grands bouleversements

Les machines

Le XIXème siècle marque l'avènement de l'ère industrielle (qui aura débuté dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle[2]) et le remplacement de l'énergie humaine par la machine, elle-même alimentée par la vapeur[3]. A l'époque, la principale source d'énergie des machines est le feu, nourri par le charbon.

Ainsi, on voit le développement des usines, ainsi que des moyens de transports (bateaux à aubes, et chemin de fer) permettant de déplacer les matières premières mais surtout les marchandises sur de plus grandes distances. C'est un grand boom de production, et la demande augmente à tout va : plus de marchandises sont produites pour un plus grand nombre, de plus grands besoins en matières premières apparaissent pour pouvoir produire encore plus, la technologie s'améliore pour pouvoir répondre à la demande grandissante, qui demande plus de machines, ... Même les plus pauvres accèdent à des choses qu'ils n'auraient pu avoir par le passé : la production de masse, c'est aussi la production pour les masses.

Et pourtant, malgré cela, le mécontentement se fait de plus en plus sentir. Pourquoi en cette période semble-t-il prospère, voit-on pourtant éclater nombre de conflits sociaux ?

Les conditions des travailleurs

Les révolutions industrielles et le boom de production cachent une réalité moins rose. L'avènement des machines provoque l'exode de nombreux travailleurs de la terre, souvent habitant loin des villes et leurs machines.

Mais les conditions de vie et de travail sont dures (inhumaines même, si l'on regarde cela avec le prisme de notre vision contemporaine). C'est l'époque des nombreuses heures de travail ouvrier, du travail des enfants, dont Charles Dickens[4] dépeint très bien les travers en Angleterre par exemple. Les wikinautes curieux pourront également lire le Guide de la femme intelligente en présence du Socialisme et du Capitalisme qui en parle également, ainsi que des Factory Acts[5].

En effet, les rapports de force ont changé, et ce dont Adam Smith se méfiait apparaît : les travailleurs se retrouvent confrontés à des capitalistes aux forts pouvoirs, l'offre et la demande ne sont plus les mêmes. De nombreux ouvriers sont ainsi face à un seul et même patron, ce qui rend la négociation salariale caduque. Les ouvriers doivent travailler pour très peu, et se retrouvent souvent obligés de faire travailler leur famille (femme et enfants), toujours pour un salaire moindre.

Et la situation peut empirer. En effet, parfois, les marchandises trop produites ne se vendent pas, et les effondrements ne sont pas rares (on parle aussi de krachs, de récession, ...). Les travailleurs sont aussi des consommateurs, et s'ils sont trop peu payés, ils ne peuvent tout simplement pas s'acheter les marchandises.

La "mondialisation"

Les propriétaires des moyens de production vont alors profiter du progrès des moyens de transport pour exporter leurs marchandises ailleurs, et trouver ainsi de nouveaux marchés. Les usines et les machines se multiplient, les marchandises aussi, et cet essor marche un temps... Mais là encore, il ne fait qu'accroître le phénomène : les récessions sont plus violentes, et les conditions de travail progressent trop lentement.

Notons tout de même que l'ouverture vers le reste du monde ne se cantonne pas aux marchandises. Elle provoque aussi un départ des travailleurs vers d'autres contrées, et notamment vers l'Amérique, pays de toutes les promesses.

De nouvelles façons de voir le monde

Petit aparté technique sur la monnaie

L'étude de la monnaie n'est pas la science la plus répandue dans le vaste domaine des études économiques, et sa prise en compte n'est que parcellaire dans certains modèles, quant elle n'est tout simplement pas ignorée[6].

Cependant, arrêtons-nous un instant sur différentes théories monétaires, concepts qui nous seront utiles pour comprendre un peu mieux les rouages de l'économie.

1. La théorie des intermédiaires[7]

Dans ce modèle, les revenus permettent des dépenses et des dépôts bancaires. Les dépôts, ou plus généralement l'épargne, s'effectue soit auprès des banques (qui font ce qu'elles veulent de notre épargne tant que nous ne la réclamons pas), soit auprès de fonds d'investissement (qui nécessite à peine plus de formalités pour ce qui est de la gestion de notre épargne investie). Dans ce contexte, les intermédiaires financiers investissent l'argent de l'épargne, tandis que les agents économiques font appel à eux pour pouvoir financer leurs projets.

Ce modèle est très simpliste, et considère les intermédiaires financiers comme des acteurs neutres, et est pourtant la base des modèles modernes utilisés par exemple par le FMI, l'OCDE, les banques centrales, ...

En l'occurrence, il n'explique pas les crises financières que nous avons pu expérimenter (bien plus tard dans notre chronologie, mais parlons-en ici : le krach boursier de 1929, la crise des subprimes de 2008, ...), qui ne seraient que des coups de malchance dans un modèle qui, à part ces couacs, fonctionnerait très bien. De plus, il n'explique pas du tout comment est créée la monnaie, qui serait une réflexion peu importante selon les défenseurs de ce modèle.

2. La théorie des réserves fractionnaires

Cette théorie place les banques centrales au cœur de la création monétaire. Ce sont elles qui ont les fameuses planches à billets et injectent la monnaie dans l'économie. Elles imposent de plus aux banques d'avoir une certaine quantité de monnaie disponible dans leurs coffres, une fraction des dépôts donc, qui constituent une réserve obligatoire afin de se prémunir des coups durs.

Pour donner un exemple, en imaginant un système où la réserve obligatoire est de 1% des dépôts, une banque sur laquelle est déposée 100€ de monnaie de la banque centrale peut prêter 99€ à un agent économique. Celui-ci paye un autre agent économique (il achète une paire de chaussures chez un cordonnier par exemple). ce cordonnier dépose ces 99€ à la banque. Celle-ci conserve 1% dans ses coffres, et peut donc prêter 98.01€... Et ainsi de suite.

Notons que les banques, plutôt que de prêter l'argent de leurs coffres (et donc l'argent de la banque centrale), vont plutôt prêter une promesse de remboursement de dette. Ainsi lorsque nous déposons 99 euros sur votre compte à la banque, elle promet de nous rendre ces 99 euros, si nous en faisons la demande. Les banques font donc plutôt des promesses de monnaie, et ont donc une planche à billets aussi, pour pouvoir éditer ces promesses (il s'agit de monnaie scripturale, c'est à dire, non pas d'argent au fond d'un coffre, mais d'une ligne sur notre compte en banque).

Ainsi, en fabriquant 100€ de monnaie et en fixant un taux de réserve obligatoire de 1%, la banque centrale a permis de créer, potentiellement, 10 000€ de flux de monnaie. C'est toute la force et la différence entre un stock et un flux de monnaie (100€ réellement stockés, mais 10 000€ de flux). Un autre exemple peut être celui-ci afin de bien illustrer la notion de flux : imaginons que le boucher paye son cordonnier 100€ pour une paire de chaussures. Celui-ci rembourse une dette de 100 euros qu'il avait contractée auprès du marchand de tissu. Celui-ci achète alors de la viande chez son boucher pour 100 euros (oui, c'est la fête). Au final, 100€ sont passés de main en main, mais le flux d'économie représente, lui, 300€.

Revenons à nos moutons. Les banques centrales fixent la quantité de monnaie en circulation selon cette théorie, et comme les gouvernements contrôlent les banques centrales, ce sont eux qui, in fine, contrôlent la monnaie et donc l'économie, de manière indirecte.

Cette théorie semble plus satisfaisante que la précédente. Néanmoins, elle est caduque sur plusieurs points :

  • Elle non plus n'explique pas les crises financières survenues au cours de notre histoire économique ;
  • Les banques centrales sont loin d'être dépendantes des États. Japon, Royaume-Uni et États-Unis demandent des comptes à leurs banques centrales par exemple, mais la plupart ont beaucoup (trop ?) d'autonomie. En Europe par exemple, les banques centrales nationales rendent des comptes à la BCE[8] (la Banque Centrale Européenne), qui elle-même ne rend de compte à ... personne ;
  • Selon cette théorie, les banques sont de simples entremetteurs et n'ont pas de contrôle sur la quantité de monnaie totale dans le système. Elles dépendent des banques centrales, qui ont pour objectif de réguler les prix sur le marché mondial, et s'assurer de l'équilibre mondial de l'économie ;
  • Dans les faits, la quantité de monnaie créée par les banques ne représente pas du tout le total de ce qui pourrait être créé. En effet, lorsqu'on y repense, la banque centrale ne contrôle pas la quantité de monnaie en circulation, mais la quantité maximale de monnaie possible en circulation. Les banques ont tout loisir de ne pas créer de monnaie si elles le souhaitent, et c'est le cas en réalité[9] ;
  • Certaines banques centrales elles-mêmes rejettent la théorie des réserves fractionnaires. C'est le cas de la banque centrale anglaise (la Bank of England) ou de la Bundesbank (la banque centrale allemande), qui ont démontré qu'elles avaient très peu de contrôle sur la monnaie en circulation.

Enfin, si je parle de cette théorie ici, c'est qu'à l'époque où nous sommes dans notre Histoire de l'économie (rappelons-nous, nous sommes au XIXème siècle), la confiance dans les banques n'est pas toujours maximale. Des mouvements de panique bancaire, qui correspondent à une perte de confiance dans le système bancaire, ou telle ou telle banque par exemple, font se précipiter, en même temps, les agents économiques qui veulent tous récupérer leur épargne. Résultat, c'est la faillite, les banques étant incapables de rembourser toutes leurs dettes (c'est à dire, d'échanger les promesses de monnaie en monnaie véritable)... Même si ce modèle théorique a des faiblesses (je préfère d'ailleurs la théorie de création monétaire ex-nihilo dont nous parlerons plus loin), il explique assez bien le contexte de l'époque et les récessions de la période.

3. La théorie de la création monétaire ex-nihilo

La théorie précédente, nous l'avons dit, présente des faiblesses. Elle est idéologiquement marquée notamment, en rendant les banques des acteurs économiques neutres, dépendant des choix et impositions des banques centrales. Elle n'a pas ma préférence, et je lui préfère cette troisième théorie, comme l'indique le titre, de la création monétaire ex-nihilo[10][11].

Dans cette théorie, les banques de dépôt ont toutes une planche à billets, scripturale, dont elles se servent pour octroyer des crédits. Mis à part le ratio de réserves obligatoires que leurs imposent les banques centrales, elles sont libres de faire autant de promesses qu'elles le souhaitent. Lorsque les banques se prêtent entre elles, elles se font des promesses en monnaie de banque centrale (la "monnaie centrale"). Si elles se retrouvent à court de promesses centrales, elles se tournent vers les banques centrales qui ont le choix entre leur octroyer ladite monnaie (via un prêt, par exemple), ou ne pas le leur prêter, et provoquer la faillite de la banque, et avec elle, l'écroulement du système. Inutile d'argumenter beaucoup plus loin pour comprendre que les banques centrales ont tendance à obtempérer.

Cette théorie explique beaucoup mieux le système actuel, est plus à propos pour expliquer les crises économiques mais surtout financières, et bien qu'elle ait certaines similitudes avec la pensée des réserves fractionnaires, elle contient un message idéologique très différent des précédentes théories : les banques sont des acteurs économiques beaucoup plus responsables et non des acteurs "comme les autres" qui subiraient les contraintes qui leur sont imposées par les gouvernements ou les banques centrales. Dans les faits, les banques centrales sont facilement mises sous pression par les banques, dont la bonne santé est nécessaire pour éviter un effondrement du système économique global. In fine, la quantité de monnaie dépend donc beaucoup plus du bon vouloir des agents économiques, banques en tête.

Le socialisme

Des modèles économiques

Ces théories monétaires font office de pause dans notre Histoire de l'économie, et avaient pour but de partager sur un sujet qui est tout à fait d'actualité. Pourquoi en parler si tôt, alors que nous sommes au XIXème siècle ? Il me paraissait important malgré tout d'en avoir déjà une petite idée dans la progression chronologique de ces pages wiki, et introduisent notamment une idée qui se vérifiera sans cesse : l'économie est une science molle[12], c'est à dire qu'au-delà de certains consensus, les modèles et les théories divisent. Elle divise déjà à l'époque, et continue aujourd'hui.

Ainsi, face à cet ensemble de modèles, de théories et d'écrits économiques, voit-on poindre une nouvelle idée : le socialisme. Le modèle de Smith pose en effet question : pourquoi ce boom dans la construction des usines, si elles ne fonctionnent pas continuellement ? Pourquoi user des ouvriers jusqu'à leur mort tandis que d'autres peinent à trouver du travail ? Pourquoi les travailleurs ne peuvent-ils même pas acheter les produits qu'ils fabriquent ? Le constat de ces inégalités et injustices est une preuve selon certains penseurs de l'époque de l'échec du modèle capitaliste. Ils vont trouver la solution : l'idée est plutôt de coopérer, plutôt que de s'acharner à se faire concurrence.

Socialisme(s) et communisme

La coopération, oui, mais par quels moyens ? L'idée, bien que simple et semble-t-il louable, est difficile à concrétiser. Les socialistes, c'est ainsi qu'ils s'appellent, ont du mal à se mettre d'accord. Leurs idées sont nouvelles, et n'ont jamais été testées auparavant, alors les divergences sont nombreuses quant à la méthode à employer. On notera cependant :

  • Que le constat d'échec du capitalisme est un dénominateur commun parmi eux ;
  • C'est à ce moment qu'émergeront des écrits (voir par exemple la lecture du Manifeste du parti communiste) très importants pour l'avancée de leur pensée, de Friedrich Engels[13] et Karl Marx[14].

Engels basera sa réflexion sur son étude des usines de Manchester (berceau de l'ère industrielle de l'époque[15]). Marx quant à lui étudiera tous les économistes et leurs théories (autant dire qu'il n'a pas été impressionné, il n'a pas de mots assez durs pour les décrire). Leurs travaux traverseront les temps pour continuer d'inspirer la réflexion d'aujourd'hui, même si, on le verra, leurs idées ont apporté, elles aussi, leur lot de déception.

En tout cas, même si les courants de pensée se sont structurés en groupes plus homogènes, les socialistes vont se diviser en deux groupes principaux (il s'agit d'une simplification un peu réductrice, mais qui permet de se faire une idée rapide du sujet) :

  • les socialistes, qui souhaitent réformer le système, mais :
    • soit veulent "améliorer" le capitalisme en pointant ses défauts et essayant de les résoudre ;
    • soit veulent une réforme graduelle du système, non-violente ou plus lente ;
  • les communistes, qui veulent complètement et au plus vite remplacer le capitalisme, et ont des envies révolutionnaires.

Je déborde un peu au-delà de la première moitié du XIXème siècle, mais pas tant que cela.

Pensée et critiques

La théorie marxiste (donc le communisme de l'époque) est très étayée, Marx ayant été un écrivain boulimique, et relayé après sa mort par son grand ami Engels. On peut donc citer quelques points :

  • L'histoire des hommes s'explique de manière matérialiste, et se conçoit très bien dès lors qu'on imagine les rapports humains comme une succession de lutte des classes (seigneurs/vassaux, maîtres/esclaves, nobles/sujets, bourgeois et propriétaires/travailleurs et ouvriers) ;
  • Si les prolétaires (les ouvriers, ceux qui n'ont que leur force de travail pour vivre) s'unissent, leur nombre immense ne pourra que provoquer la chute de la bourgeoisie et la fin de son accaparement des richesses ;
  • Le travail n'est plus considéré comme une matière première, ou une marchandise, mais comme une force de travail, indissociable de l'homme ;
  • Ainsi, l'homme produit une certaine quantité de force de travail, qui a un coût. Tout ce qui est au-delà de ce coût, produit par l'homme mais qui est compris dans le prix final de sa production constitue un profit, profit qui ne bénéficie qu'au bourgeois, propriétaire des moyens de production ;
  • Le capitalisme de Smith (dit capitalisme de marché) n'est plus à propos, l'époque est maintenant régie par un capitalisme industriel, qui lui-même obéit à des lois différentes ;
  • Les capitalistes, en tant que classe, ne pourront éternellement subsister. Ils ont en effet besoin de la force de travail, et donc des ouvriers, pour exister. Mais en réduisant le nombre d'ouvriers ainsi que leurs salaires, ils réduisent leur nombre de consommateurs, et donc leurs clients. Le modèle ne peut donc subsister éternellement. De plus, dans une production de masse, il faut une organisation de masse, qui n'est pas prévue dans le modèle de Smith ou de Ricardo. Autant donc défendre l'idée du socialisme qui répond tout à fait à cette notion d'organisation commune.

Le modèle est révolutionnaire, et il faut bien admettre qu'il a des attraits et des arguments de taille :

  • Engels prédira ainsi en 1844 un krach à survenir en 1847, et effectivement, le krach surviendra (à peine plus tard, en 1848) ;
  • Les travailleurs s'organiseront pour faire front en bloc face à leurs patrons, on voit ainsi apparaître des syndicats de travaileurs ;
  • Les gouvernements eux-mêmes constatent qu'ils doivent intervenir pour préserver les travailleurs. C'est l'exemple des Factory Acts anglais qui ponctuent le XIXème siècle ;
  • Les idées coopératives gagnent du terrain, et bon nombre de sociétés collectives connaissent un franc succès ;
  • En Allemagne (la Prusse de l'époque), les idées socialistes font émerger l'assurance-accident, l'assurance maladie ou encore la retraite (c'est l'époque du Chancelier de fer, Otto von Bismarck[16]).

Mais la pensée marxiste a aussi ses défauts :

  • La prose marxiste est loin d'être simple. Elle se veut pourtant le socle de réflexion des prolétaires, ce qui donne une certaine inertie à la diffusion des idées ;
  • on l'a dit plus haut, mais n'ayant pas été expérimentée, et l'idée étant pour le moins révolutionnaire, elle divise sur la méthode comme sur son but final ;
  • la révolution prédite par Engels comme par Marx n'arrive pas (d'autant que l'on pourrait arguer que si la révolution doit venir des hommes, alors elle ne doit pas venir exclusivement des communistes, mais de tous ... Et elle ne vient pas). Elle finira par arriver, en Russie en 1917, ce qui ne sera pas sans de lourdes conséquences sur l'histoire et la géopolitique mondiale du XXème siècle. Mais c'est un autre chapitre de notre voyage dans le temps...

Conclusion

L'idée est un tournant indéniable de la pensée économique. Elle forgera la pensée des économistes futurs, et l'on peut penser l'économie comme cette réflexion perpétuelle entre les degrés de capitalisme et de socialisme (voire de communisme) que chacun souhaite. Aujourd'hui, les modèles économiques des pays sont pour la plupart des modèles d'économie mixte : certains services sont pilotés et appartiennent à l’État, quand d'autres sont laissés à la libre main du marché capitaliste.

L'économie néoclassique

Les réflexions économiques de l'époque ont bien compris que le modèle de Ricardo comporte des failles. Même la vision malthusienne (rappelons-nous, Malthus défendait la science lugubre, et qu'il fallait éviter de lutter contre guerres et famines pour éviter d'en provoquer de plus grosses) n'a plus le vent en poupe. Rappelons-le, Malthus dit que l'évolution de la population est géométrique, et celle de la production est arithmétique, et que donc, il n'est pas utile de vouloir aider les populations, notamment les plus démunis : leur "disparition" (désolé) est bénéfique pour le bien commun. L'analyse économique a évolué, et constate qu'effectivement il coûte de plus en plus cher de fabriquer un produit (c'est à dire que plus on en produit, plus il coûte cher (ou moins il rapporte, ce qui revient au même)). En effet, c'est la rareté d'une marchandise qui en provoque le coût élevé.

On assiste alors à une sorte de réflexion améliorée des théories classiques de l'époque, et on parle du modèle néoclassique :

  • Les vendeurs cherchent à vendre leur marchandise quand le prix est au plus haut ;
  • Les acheteurs cherchent à acheter la marchandise quand le prix est au plus bas ;
  • Plus les acheteurs sont nombreux à vouloir acheter un produit rare, plus sa valeur est élevée ;
  • Mais plus un produit est disponible, moins sa valeur sera élevée.

In fine, le marché se cherche jusqu'à trouver la valeur d'équilibre, entre la quantité exacte à produire, le prix correct qui "convient" à tous...

En résumé, voici quelques hypothèses du modèle néoclassique :

  • L'homme économique poursuit logiquement son propre intérêt personnel ;
  • L'offre et la demande ne bougent pas à moins qu'on les modifie :
    • Les revenus restent les mêmes ;
    • Les goûts restent les mêmes ;
    • Les autres prix restent les mêmes ;
    • Tout le monde a la même information ;
    • Tous les acheteurs et les vendeurs sont si petits que leurs actions ne peuvent affecter le prix d'un bien

Notons, là encore, qu'il s'agit d'un modèle. Il représente le courant de pensée dominant auprès des instances décisionnaires de notre époque (bien qu'il ne fasse pas consensus auprès des économistes; on le rappelle, l'économie n'est pas une science dure). Il n'a jamais été démontré de manière empirique.

Il conviendra de noter que selon un certain nombre d'hypothèses, cet équilibre existe (Kenneth Arrow et Gerard Debreu le démontrent dans les années 1950)[17].

Notons qu'en revanche, le théorème de Sonnenschein-Mantel-Debreu[18] stipule notamment que le prix d'équilibre n'est jamais atteint, le système oscillant indéfiniment dans un état d'équilibre instable, ou se fixant sur un point d'équilibre stable parmi plusieurs possibles, impossible à choisir à l'avance.

Sources

  1. Economix : https://economixcomix.com/
  2. James Watt, a rendu la machine à vapeur utilisable à l'échelle industrielle : https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Watt
  3. Thomas Newcomen, l'inventeur de la première machine à vapeur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Newcomen
  4. Charles Dickens : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Charles_Dickens
  5. Factory Acts : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Factory_Act
  6. Heu?reka - Tout savoir sur l'économie (ou presque) : https://www.decitre.fr/livres/tout-sur-l-economie-ou-presque-9782228934978.html
  7. L'intermédiation financière dans les modèles macro-économiques : https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2017-1-page-117.htm
  8. La BCE : https://www.ecb.europa.eu/ecb/html/index.fr.html
  9. Les banques centrales créent-elles la monnaie ? : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/politiques-economiques/theories-economiques/creation-monetaire/les-banques-centrales-creent-elles-de-la-monnaie/
  10. Création monétaire ex-nihilo : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/politiques-economiques/theories-economiques/creation-monetaire/la-creation-monetaire-comment-ca-marche/
  11. Les banques centrales créent-elles la monnaie ? : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/politiques-economiques/theories-economiques/creation-monetaire/les-banques-centrales-creent-elles-de-la-monnaie/
  12. Sciences molles : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sciences_dures
  13. Friedrich Engels : https://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Engels
  14. Karl Marx : https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx
  15. Manchester et la révolution industrielle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Manchester#La_r%C3%A9volution_industrielle
  16. Otto von Bismark : https://fr.wikipedia.org/wiki/Otto_von_Bismarck
  17. Modèle Arrow-Debreu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_Arrow-Debreu
  18. Le théorème de Sonnenschein-Mantel-Debreu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9or%C3%A8me_de_Sonnenschein